J'ai été envoyé par la Congrégation. C'était au temps de la 5e génération d'expanseurs subatomiques, garants d'une portée considérablement accrue des astronefs interstellaires. La conquête des galaxies périphériques avait alors pris une ampleur inquiétante, et les anciens mondes, perdant leur ascendant sur les jeunes royaumes devenus trop nombreux, s'étaient résolus à user de moyens inhabituels pour conserver cette prédominance morale qui leur échappait.
Loin d'une vision à court terme, mon envoi vers l'amas de galaxie 49 avait pour but non pas d'assurer la puissante représentation des anciens mondes, mais de faire perdurer le schema de valeurs qui régissait une civilisation mère de toutes les civilisations, aux antipodes d'une pensée communément admise comme humainement correcte et absolue, privilégiant pourtant le plaisir immédiat et la promotion personnelle à la conscience collective et la volonté d'une évolution globale positive. Cette mollesse, bien analysée par les Grands Sages Terriens, avait joué un rôle moteur et essentiel lors de la séance qui avait suscité mon expédition, qui était il va sans dire sans espoir de retour. Il en allait de la survie de l'Humanité.
Ma mission était donc simple. Accompagné d'hommes et de femmes à la loyauté lourdement éprouvé et incontestablement valeureux, je devais installer une colonie et en assurer le développement rapide.
Deux règles:
_ respecter les codes dans lesquels j'avais été élevé,
_ oeuvrer pour la pérennité de ces mêmes codes.
Pour UN objectif: faire en sorte que les mondes ancestraux de nos pères ne tombent jamais dans l'oubli.
Mais accablé de constater à quel point la conquête des espaces vierges du cosmos s'était emballée et avait échappé à mon peuple, je pris la résolution de trouver de l'aide. Je me mis donc en quête de royaumes empreints tout comme moi d'un esprit juste et progressiste, animés d'une farouche volonté d'avancer en privilégiant la solidarité et l'échange, et avec lesquels une alliance resterait en conformité avec l'objectif initial de ma mission.
Je rencontrai le Conseil de la LRS en 20008. Il ne suffit que de quelques paroles pour que tous, eux et moi, comprenions que nos desseins étaient confondus. Mon faible développement ne fut pas rédhibitoire, ce qui fut la démonstration ultime d'une pensée ouverte, mais cohérente, ma place dans l'alliance étant soumise à une activité minimum en son sein.
Le serment fut signé le lendemain. Et c'est ainsi que débuta l'histoire commune de nos peuples, qui désormais ne formaient qu'un.